L’Automobile :
Ce qui surprend le voyageur arrivant à Téhéran, c’est la pollution provoquée par des embouteillages interminables. Le marché automobile iranien serait il déjà saturé ?
Le parc automobile d’Iran est estimé de l’ordre de 6 millions de véhicule, soit environ 1 voiture pour 11 personnes. C’est encore loin des pays développés qui compte une voiture pour deux habitants et dans le cas des Etats-Unis, plus encore. Cela ne présage non plus rien de bon pour la couche d’ozone, si les iraniens accèdent enfin à la société de consommation qui leur est chère.
Ce parc automobile a connu ces dernières années une croissance forte, puisque l’industrie automobile sort dorénavant près de 1 million de véhicules par an. Cela ne compense cependant pas l’état catastrophique du parc : 50% de véhicules a plus de 15 ans d’âge dont 25% de plus de 25 ans. Ces voitures fonctionnent encore pour certaines à l’essence au plomb. L’Iran compte peu de voitures importées et une industrie automobile importante concentrée autour de deux constructeurs (Iran Khodro et Saipa) qui monopolisent 80% du marché et produisent des voitures européennes et coréennes sous licence.
On distingue trois catégories : d’une part les voitures de luxe, majoritairement des 4*4 ou des berlines japonaises, inabordables pour le commun des mortels et très rares dans les rues iraniennes. Puis la classe moyenne aisée peut s’offrir soit une Citroën Xantia, soit une Peugeot 405 ancien modèle, ou bien encore la production locale, la Samand, à la qualité douteuse. On pourrait mettre aussi dans cette catégorie la petite Peugeot 206 dont un modèle avec coffre sortira prochainement. Reste que la majorité des iraniens ne peuvent acheter qu’un petit modèle Coréen (une Kia locale) ou l’inusable Paykan, modèle trentenaire, reine de la pollution mais qui se négocie pour environ 8000€ et reste abordable pour nombre de taxis ou la petite bourgeoisie.
De manière générale, le marché profite d’une légère amélioration économique mais manque de catalyseur : les modèles sont peu nombreux et le crédit auto encore très faible.
Aussi la prochaine révolution proviendra de la sortie d’un nouveau modèle : la Renault Logan au cours de l’année prochaine, voiture produite localement et dont le prix de base pourrait se situer aux alentours de 7000€. Pour ce prix là, un moteur consommant deux fois moins qu’une Paykan, une conception moderne et du confort. En somme, il faut prévoir un succès important de ce modèle qui devrait dépasser rapidement les 30 000 unités prévues en année pleine. Finalement, que ce soit au niveau de la conception ou du prix, la Logan colle au marché iranien ; Bravo Billancourt !
L’industrie touristique en Iran :
Le premier mot qui me vient à l’esprit : inexistant. Certes je voyage en Iran durant la saison basse, mais en toute et pour tout après une semaine en Perse, je peux encore compter les touristes occidentaux sur les doigts de la main ! Pourtant selon l’Unesco, l’Iran fait partie des 10 pays au monde au plus riche patrimoine culturel et si l’on se souvient des années pré-révolutionnaire, l’Iran apparaissait comme une destination touristique de choix. Le contexte politique ne favorise pas cependant le pays : avant le 11 septembre, le nombre de touristes était remonté à 1,4 million (en France c’est 75), mais les attentats terroristes ont fini de décourager les plus courageux. L’apaisement politique et les efforts menés par les riches fondations religieuses détenant le parc hoteliers pourrait cependant ramener les touristes dans la région, tout du moins les non-occidentaux.
Le secteur des Utilities : Eau et électricité.
En matière d’Electricité, les autorités ont mené une politique cohérente qui a permis de doubler en 10 ans la capacité de production et d’atteindre environ la moitié de la production française. Le pays a saturé ses ressources hydroélectriques et profité d’un gaz et d’un fioul peu cher pour développer des capacités de génération à partir de turbines à gaz ou des centrales thermiques classiques. L’accent est maintenant mis sur le développement de cycles combinés. Au jour d’aujourd’hui, le pays est surcapacitaire mais peu difficilement exporter l’électricité du fait de manque d’interconnexion avec les autres pays de la région. Cependant vu la vitesse à laquelle la consommation croit, le gouvernement prévoit une demande en hausse de 50% en 5 ans, moins lié à des nouveaux raccordements- 90% des communes sont déjà raccordées- mais à une consommation par ménage en forte expansion. Pour donner un ordre d’idée, cela constituerait un marché de 60-80 turbines à gaz grande puissance. Et vu l’endettement du producteur et distributeur local, Tavanir, le pays devra avoir recours à des capitaux étrangers et propose des formules de BOT (build, operate and transfer) qui serait une ouverture vers une privatisation partielle du secteur. En terme d’équipement, malgré la présence de nombreux concurrents, les sociétés françaises (Alstom, Schneider, Areva..) devraient être favorisé par leur présence historique.
En matière d’eau, le groupe bénéficie des ressources importantes particulièrement au nord, malgré une pluviométrie faible. Le réseau d’eau potable raccorde aussi la très grande majorité des communes mais reste archaïque (ie pas de télémétrie). De plus ce secteur est fortement subventionné (l’eau est vendu 3 centimes pour un coût de 8 centimes d’€). Un marché intéressant sera plutôt celui du traitement des eaux usées et plus généralement de la gestion des déchets.
Le ciment en Iran :
C’est un des points forts de l’industrie iranienne qui profite de ressources abondantes, d’un savoir-faire et d’une énergie très bon marché. Le marché manque de capacité, peut exporter vers les pays limitrophes et connaît enfin un boom de la construction-l’immobilier constituant le seul placement sûr face à une inflation galopante.
Cette industrie est avant tout nationalisée (à hauteur de 80%) mais nombre de cimenteries pourraient être privatisées dans le cadre du 4ème plan.
Parallèlement il existe un grand nombre de petits acteurs. Dans l’ensemble, le pays produit 32 million de tonnes, soit une consommation élevée par habitant (près de 500kg/hab), mais pourrait produire plus vu les besoins démographiques qui continuent à croitre : le gouvernement prévoit la construction de 1 million de logements supplémentaires par an ces prochaines années.
Cette industrie est attractive pour plusieurs raisons :d’une part, dans un mouvement d’intégration verticale, l’Iran a un avantage majeure : le pays possède les 3èmes plus importantes réserves de gypse du monde. D’autre part, l’énergie qui représente 40% du coût de production est très bon marché. Ainsi il faut compter 32€ pour une tonne de ciment en Iran contre de 80 à 150 dans les pays développés !
Le secteur minier et l’industrie lourde :
Le sol iranien regorge de richesses qui sont mal exploités et les prospection manquent. Pourtant le pays a des mines à fort teneur en minerai, que cela soit dans le fer, le charbon, l’Or ou encore le Zinc. Dans le cuivre, le pays disposerait de 5% des ressources mondiales, soit les deuxièmes plus grandes au monde.
L’industrie sidérurgique s’est développée dans les années 60 et est de conception russe. Le pays produit 9 million de tonnes par an, ce qui le place au 21ème rang mondial ? Là encore, les réserves importantes en minerai de fer devrait pousser quelques acteurs mondiaux à s’intéresser à ce secteur du fait d’une intégration verticale de plus en plus poussée. Malheureusement, la sidérurgie reste aux mains de l’Etat pour encore 96% de la production d’acier. Dans l’aluminium, la production est encore faible même si les ambitions déclarées sont grandes.
L’agriculture :
La production agricole iranienne est de l’ordre de 68 millions de tonnes, tous produits confondus dont 22 pour les fruits et légumes. Cela représenterait près de 25% du PIB (chiffre peut être exagéré) Les principales cultures sont les dattes, raisins, pistaches, tomates ainsi que des céréales et du riz.
Commentaire :
En dehors de toute approche politique, l’Iran recèle deux avantages : D’une part, on assite à travers le monde à une intégration verticale de plus en plus poussée de l’industrie lourde, qui pour limiter les coûts de transport et profiter d’une énergie et d’une main d’œuvre meilleur marché se rapproche des zones d’extraction des minerais. Cela devrait favoriser l’Iran, à la main d’œuvre qualifiée, et possédant des réserves minérales importantes. D’autre part, le pays est au cœur d’une zone géographique dynamique du fait de sa démographie et du prix élevé des hydrocarbures : le golfe persique. Ou trouver le minerai et l’acier pour construire les nouvelles raffineries ? En Iran. Ou trouver les produits agricoles nécessaires pour alimenter une population galopante ? En Iran.
En somme- et ce sont des conditions aléatoires- si le pays se libéralise et participe à l’OMC, le pays pourrait devenir un pôle industriel et agricole important dans la région. Tous les iraniens en ont conscience mais les choses ne bougent pas plus pour autant !
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