NB : Suit une petite introduction sur la distribution en Inde. Durant mon voyage, je compte visiter quelques centres de distribution locaux ou etrangers bien que la distribution organisée soit un concept encore peu présent.
A propos de la distribution :
Notons que le secteur est essentiel en Inde. Plusieurs chiffres : les ventes cumulées représentent 200MM$ soit pour donner une idée, environ 30% du PIB. Le pays compte le plus grand nombre de points de vente au monde (près de 12 millions bien que les estimations soient difficiles à réaliser) ; c’est donc peu dire que la distribution est inorganisée ! Dans un pays d’un milliard d’individus ou la production industrielle reste faible et les services organisés encore marginaux, la simple distribution de produits est une des rares opportunités de survivre : vendre quelques produits par jour suffit à se nourrir et s’habiller.
La distribution organisée- c’est à dire les magasins clairement identifiés- souffre de plusieurs désavantages qui expliquent son développement tardif :
Premièrement, la concurrence avec les petits magasins de rue (les kirana shops) est vivace. Ceux offrent un grand nombre de services de proximité (crédit au client qu’ils connaissent, livraisons à domicile…). Ils ont des coûts fixes très bas car ils sont rarement déclarés, payent encore plus rarement l’électricité et l’impôt.
Deuxièmement, le marché captif est limitée : un indien d’une classe moyenne demandera à sa femme de ménage d’aller acheter tel ou tel produit dans la rue plutôt qu’il ne réalisera des courses hebdomadaires. La distribution organisée se concentre de plus sur un nombre restreint de villes où la classe moyenne est assez importante : les dix premières villes du pays représentent 95% de cette distribution organisée.
Troisièmement, les marges pratiquées dans le système actuel sont déjà très faibles ; l’entreposage coute 2-3%, le grossiste prend 5-6% et le détaillant 10 à 15%. L’avantage de coût de grandes surfaces est limité. A noter que le coût de l’immobilier dans ces villes n’est pas négligeable, que la place manque et que l’accès à la périphérie peut prendre jusqu’à 2h de trajet.
En quatrième lieu, il faut noter que longtemps les règles du jeu ont été très contraignantes : jusqu’au début des années 90, l’Inde était faiblement ouvert au commerce extérieur, le gouvernement imposait des restrictions sur certains biens de consommation ou rendait impossible l’importation de certains produits. Les dernières restrictions quantitatives ont été abolies en 2001 !
Enfin, il reste un problème majeur : les groupes internationaux ne pouvait être propriétaire de leurs succursales indiennes. Généralement, les investissements étrangers dans la distribution n’étaient pas autorisés. La seule possibilité était de passer par un système de franchise, qui en Inde est assimilé à un transfert de savoir-faire. C’est autorisé mais seulement jusqu’à un certain montant de royalties. Casino, par exemple, a quelques magasins Spar en franchise. A savoir finalement que la propriété des magasins (à hauteur de 51% maximum) par des étrangers pourrait être bientôt accordée. D’aucun pariait sur une loi en 2005, d’autre suggère 2006…
Il y aurait une question subsidiaire pour toute enseigne désirant s’implanter dans le pays : que vendre ?
Des fruits et légumes ? Non car le prix ne serait pas plus inférieurs de ceux pratiqués par les magasins de rue qui sont des lieux de vente de proximité.
De l’alimentaire transformé ? Non plus car en Inde, seulement 1% des produits agricoles sont transformés. Il faudrait avoir recours à l’importation, ce qui augmenterait fortement le prix des produits à la vente.
Des produits frais ? Non plus encore, car il n’y a quasiment pas de chaîne du froid dans le pays.
Reste alors tout les produits non alimentaires dont l’importation est compliqué par des droits de douanes toujours élevés. C’est cependant le seul secteur d’avenir à court terme dans la distribution organisée.
Dès lors on comprend mieux le réseau de distribution qui s’est développé en Inde : d’une part des department stores (cf Shopper’s stop, un nom à retenir) et d’autre part quelques cash and Carry (tel que Metro) qui d’ailleurs font face à une opposition locale forte.
Remarques finales à destination d’HDU et MRO :
- Wal mart fait énormément de lobbying en Inde considérant que c’est un des axes de développement majeurs. J’ai du mal à cerner comment, à moins d’investir des montants gigantesques pour se créer une chaine du froit et plus globalement un réseau de fournisseurs locaux.
- Je ne crois pas à des formules type hypermarchés pour les raisons évoquées précédemment et surtout du fait qu’une offre alimentaire-non-alimentaire me semble inadéquate.
- Je crois plutôt à une forme de department stores à l’anglaise (Boots…) ou des supermarchés quincaillerie.
- Par contre au niveau de la restauration, il me semble qu’il y a beaucoup à faire. Plus Pizza Hut que Mc Do, malgré des prix pratiqués très élevés (une Pizza vaut 5 fois le prix d’un déjeuner local !)
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