En 1967, le gouvernement indien constate que le taux de croissance de la population est extrêment élevé et devient alarmant. On craint de ne pouvoir garantir la sécurité alimentaire aux habitants bien que le pays importe déjà plus de 10 millions de tonnes de nourriture cette même année. Les techniques d’exploitation agricole ne sont pas bien utilisées par les paysans ce qui explique que le secteur primaire ne parvient pas à répondre à la demande trop élevée.
Afin d’améliorer la productivité du pays en matière agricole, le gouvernement indien décide de mettre en place une révolution agraire.
Le projet de la Révolution Verte est principalement mis en place et coordonné par M.S. Swaminathan, un jeune agronome généticien.
La première étape consiste à développer des variétés à haut rendement de céréales (riz et blé) pour nourrir la population en peu de temps. Pour favoriser ce développment, Nehru propose d’importer massivement des engrais, des semences et des techniques de cultures intensives utilisées en France, aux Pays-Bas…
La seconde étape consiste à mécaniser le secteur primaire. Les paysans indiens travaillaient jusqu’à présent avec des techniques remontant au Moyen-Age. C’est pourquoi il est important de remplacer une partie de la main d’œuvre par des machines en charge des tâches dures.
La troisième étape consiste à mettre en place un bon système d’irrigation pour les variétés qui demandent beaucoup d’eau. Une bonne irrigation permet aux cultures de pouvoir évoluer grace aux apports de fertilisants naturels.
La Révolution Verte a permis à l’Inde de devenir une grande puissance agricole dans les années 70 et depuis le premier producteur mondial de lait et de thé, le deuxième producteur de riz et de blé et le troisième exportateur de coton. De plus, l’un des principaux objectif fut atteint ; les indiens mangent à leur faim ! L’Inde est en phase d’autosuffisance grace à l’augmentation de sa productivité ce qui lui a permis d’éviter de près une nouvelle famine.
Un exemple des conséquences de la révolution verte : la région du Penjab (70% de la population active de cette région est dans le secteur agricole). La productivité agricole a augmenté de 6% par an en moyenne depuis les années 70, ce qui a permis à cette région de tripler sa production de riz et de blé. Ces résultats ont eu des conséquences sur les revenus des agriculteurs : les salaires sont multipliés par 7 en 20 ans !
Ce projet a entrainé de grandes satisfactions dans un premier temps, cependant l’Inde souffre actuellement d’importants problèmes apparus avec les excès des politiques agricoles.
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En ce qui concerne les sols, l’utilisation abusive d’engrais, de pesticides et de produits chimiques ainsi que le manque de possibilité de drainage a entrainé un déséquilibre biologique. Les sols fertiles sont devenus stérils –plus de 2 millions d’hectares sont dégradés-,les terres manquent de matières organiques -il y a des carrences en zinc et fer-, de plus les mauvaises odeurs sécrétées par la concentration de produits chimiques à la surface des sols a rendu les productions de riz et de blé invendables… L’usage excessif des pesticides et autres produits a conduit à une réduction de la bio-diversité.
En ce qui concerne l’eau, le développement de réseaux d’irrigations, de forrages et de pompages ont entrainé une surexploitation des nappes phréatiques. Les réseaux d’irrigations présentent de nombreuses fuites, le peu de drainages sont mauvais, et sur certains territoires l’eau stagne à cause de l’état problématique des sols.
Moins les sols produisent et plus on utilise d’engrais : la consommation d’engrais est supérieure au rendement ce qui engendre des coûts de production très élevés.
C’est un cerle vicieux qui engendre des agriculteurs démotivés et endettés. L’Inde connaît un début d’exode rural.
Face à toutes ces difficultés Swaminathan, qui dirige la fondation de recherche agricole et qui préside la comission nationnale des fermiers, conseille le gouvernement en matière agricole afin de mobiliser, instruire et former les agriculteurs. Le principal objectif est de mettre en place quelques règlementations et d’encourager les agriculteurs à favoriser une culture biologique et diversifiée de produits qui nécessitent peu d’eau -tels que les légumes- et de réduire les superficies de riz. Les variétés doivent-être adaptées selon les territoires en fonction du relief et du climat afin d’éviter les productions forcées sans rendement et d’améliorer les techniques d’irrigation. L’étendu de la culture sur d’autres régions en dehors du Penjab permet d’obtenir une politique agricole différente et adaptée aux besoins en promouvant les services de R&D : développement de coton et pomme de terre transgéniques…
Face à cette nouvelle organisation, il est indispensable d’améliorer les réseaux de ditributions et les routes afin de faciliter les échanges des produits différents entre les régions pour éviter certaines carences à la population indienne…
Cette nouvelle stratégie agraire, que l’on pourrait peut-être qualifier de seconde révolution verte, devrait permettre à l’Inde de rattrapper quelques erreurs du passé et de faire face à une démographie galopante.
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