Canton :
Si la ville n’a pas d’intérêt touristique manifeste, il est intéressant de noter l’évolution d’une cité qui n’était encore rien ou pas grand chose il y a trente ans.
Historiquement, Canton était la ville chinoise la plus ouverte sur l’extérieur : en 1685, elle fut la première à accueillir un comptoir de la compagnie de Indes mais péréclita au dix neuvième siécle au bénéfice de Hong Kong devenu propriété de la couronne britannique. La resurgence de la ville eut lieu au debut des annees 80, car la région fut la première à bénéficier de l’ouverture de l’empire du milieu au commerce international à l’arrivée de Deng Xiaoping.
Aujourd’hui, Canton est le 3ème pôle économique de Chine, derrière Shanghai mais quasiment à égalité avec Pékin. C’est une agglomération de 11 millions d’habitants-ce qui n’en fait pas une des plus grandes villes chinoises- particulièrement dynamique ; tant en terme de projets d’infrastructures, d’évènements comme les jeux asiatiques de 2010, que d’implantations de nouvelles industries d’exportation.
La zone connaît depuis plusieurs années une croissance de sa richesse de 15%/an alors que la croissance du PIB chinois n’est que de 10%. Aujourd’hui, le taux de chomâge est au plus bas (à peine plus de 2%), les salaires se contractent et les citadins cantonais bénéficient d’un niveau de revenu record : près de 6800$ par habitant en 2004 alors qu’il était en chine autour de 1200$ en moyenne. La seule ville de Canton qui représente moins de 1% de la population du pays, concentre à elle seule plus de 6% des investissements directs étrangers !
Le PIB local se décompose en deux grands secteurs : d’une part l’industrie (44% du PIB de Canton) avec notamment trois axes majeurs : l’automobile (dont les revenus sont en hausse de 30%) avec l’implantation des grands groupes japonais Honda et Toyota qui devrait faire de la ville une zone d’exportation, l’électronique (+47%) qui profite de sa proximité avec Shenzhen et la pétrochimie (+31%) qui bénéficie de l’aménagement d’infrastructures sur le delta de la rivière de perles.
Le secteur tertiaire représente quant à lui 53% du PIB avec un fort développement des activités de distribution (présence de Carrefour, Hualian…dans ce qui est le troisième bassin de consommation du pays), des activités financières (près de 3000 entreprises financières implantées), de l’éducation (une cité universitaire de 150 000 étudiants !) et surtout le développement d’un grand pôle de Nouvelles technologies de l’information et de communication (NTIC) profitant d’un gigantesque parc logiciel et d’une base scientifique conséquente.
Ce qui étonne dans cette ville, c’est que malgré une très forte croissance, il ne semble pas y avoir de goulots d’étranglements. Le gouvernement local met en place des projets d’infrastructures cohérents et en temps et en heure ! Un nouvel aéroport vient d’ouvrir dont la capacité est déjà des ¾ de celles de celui d’Hong Kong, 4 nouveaux quais multifonctionnels dans le port de la ville viennent d'etre construit, de nouvelles lignes de métro voient le jour et une gare devenu un vrai hub ferroviaire régional vient de s'ouvrir.
Shenzhen :
Cette ville cumule tous les superlatifs. En 1980, à la création de la zone économique spéciale, ce n’était qu’un petit port de pêche. C’est aujourd’hui une ville de plus de 6 millions d’habitants et près de 9 si l’on considère la population intérimaire.
Ce n’est plus non plus la cité industrielle et dortoir qu’on décrivait au début mais bien une ville à part entière avec ses centres commerciaux, ses bars et restaurants. Ce n’est peut être pas la ville la plus agréable de Chine mais le revenu par habitant y est le plus élevé du pays (en 2004, il était de 7200$), bien que ne représentant qu’un quart de celui des Hong Kongais vivant à quelques mètres.
Si au début, la zone a concentré les activités à forte intensité en main d’œuvre (le jouet, le textile…) qu’il devenait coûteux de produire à Hong Kong même, les investissements depuis se sont diversifiés vers les produits à plus forte valeur ajoutée. Les produits de haute technologies (dans l’électronique ou les télécoms) représentent maintenant 50% de la production industrielle de la zone (10% seulement il y a 10 ans) et les nouvelles technologies d’information et de communication représentent dorénavant les 2/3 des investissements industriels. A noter que la zone économique spéciale avale 8% des IDE réalisés en Chine.
Tous les grands groupes chinois de technologie y sont présents à l’instar de Huawei ou ZTE mais aussi tout les acteurs mondiaux d’importance, d’IBM à Samsung et Intel ! La zone économique spéciale est devenu un centre technologique incontournable dans le monde : à elle seule elle concentre 15% de la production mondiale de disque dur !
Shenzhen est une ville à part dans l’empire du milieu ; elle est peut être plus intégrée au commerce mondial et Hong Kong qu’à la Chine proprement dite. C’est aussi une ville dominée par le secteur privé ; les entreprises publiques ne représentent que 6% de la production industrielle de la zone et devraient être même bientôt cédée par l’Etat. Les entreprises à capitaux étrangers représentent 80% de la production totale de la zone et plus de 50% des exportations.
Tout va peut être trop vite à Shenzhen : le PIB croit à hauteur de 17%/an et le commerce extérieur de 25%/an au point qu’on anticipe à terme des goulots d’étranglement dans la production et une délocalisation des entreprises à faible valeur ajoutée vers l’intérieur du pays, ou du moins vers le reste du cantonais.
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