Malgré un voisin qui a connu sur la décennie passée une croissance proche de 10%/an, l’économie de Hong Kong n’a pas suivi. En effet le territoire a fait face à une série de crises qui ont perturbé sa croissance entre les années 1997 et 2003. Tout d’abord, même si les conséquences économiques sont difficilement quantifiables, la rétrocession a eu un impact psychologique. Suit la crise asiatique qui a ete avant financière et a très fortement touché la péninsule. Puis les attentats du 11 septembre et la pendémie du SARS. Ce n’est qu’à partir de 2003 véritablement que l’économie du territoire se redresse. Cette année là, la croissance est de 3,4%. L’année suivant elle est de 8,6% et en 2005 l’économie croit de nouveau de 7,3%. Le PIB a atteint l’année dernière 177 milliards de dollar soit par habitant près de 25500 $ !
Sur les prochaines années, on s’attend plutôt à une décélération du fait de la hausse du pétrole et de la remontée des taux. Pour 2006, d’aucun prévoit une croissance de 4 à 5%.
Si l’épidémie de SARS est venue perturber le rebond économique observé dès la fin de l’année 2002, les effets ont été moindres qu’attendus et la reprise en 2004 a été vigoureuse. Le pays profite à plein de son rôle d’interface entre le monde et la Chine et de la forte hausse du commerce extérieur chinois tiré notamment par l’intégration de l’empire du milieu dans l’Organisation Mondiale du Commerce. En effet, le principal facteur explicatif de la reprise économique à Hong Kong reste la forte hausse des exportations. En 2005, les exportations de biens et services ont ainsi cru de 11% (et son corollaire, les importations de 10%). Rappelons qu’Hong Kong représente le tiers du commerce extérieur chinois. Un autre facteur explicatif, tout de fois de moindre ampleur, est l’amélioration de la consommation privé (+3,7%) : une hausse modérée des salaires, la baisse du chomâge – qui n’est plus que de 5,2% de la population active contre 8,7% il y a trois ans- et les effets de richesse dus à la hausse des prix immobiliers expliquent ce léger mieux. Parallèlement, les investissements ont connu une forte progression (+7,3%) après des années de disette, tiré par les investissements en machines-outils et en équipement informatique. Par contre, on note que l’investissement immobilier commence à se contracter (-14% au dernier trimestre) du fait de la remontée des taux d’intérêt.
Un autre indicateur de la bonne santé économique de la péninsule : la fin des tensions déflationnistes, du fait principalement du retournement de tendance du marché immobiler. L’indice de prix de l’immobilier résidentiel a cru de près de 28 points de base en 2005 et l’immobiler de bureau de 18 points. Les prix restent globalement en deca de leur niveau de 1997, mais le retournement du marché a mis un terme à la déflation connue suite à la crise asiatique. Parallèlement, on note une hausse de l’indice des prix à la consommation qui en janvier de cette année était de 2,6%, soit le niveau d’inflation le plus élevé connu depuis 1998.
Enfin, les finances de l’Etat se sont nettement améliorées. Après plusieurs années d’expansionnisme, l’Etat a mis en place une politique d’austérité qui a permis de ramené le déficit budgétaire à 1% du PIB sur l’exercice 2004/2005. Mieux encore, Hong Kong a renoué avec ses excédents budgétaires sur l’exercice suivant (l’exercice 2005/2006 s’est soldé par un excédent de 0,3% du PIB). Le gouvernement maintient sa politique de baisse des dépenses courantes.
Maintenant, les perspectives ne semblent pas aussi positives que les derniers bons chiffres publiés le laissent prévoir. En effet plusieurs éléments pourraient expliquer une décélération de la croissance économique. D’une part, la période de taux d’intérêt bas est finie : la remontée des taux va peser sur les activités bancaires (la finance est un gros contributeur au PIB de la péninsule), sur les ventes aux détails (la hausse des hypothèques limitera d’autant le pouvoir d’achat des ménages) et sur les investissements (plus particulièrement immobiliers). A regarder plus loin encore, on notera que le pays est dépendant des exportations chinoises vers les Etats-Unis. Et le consommateur américain subit aujourd’hui lui aussi la remontée des taux d’intérêts dans son pays ainsi que la flambée de l’essence. Le rythme des exportations vers les USA pourrait bien se tasser et expliquer une moindre croissance de l’économie Hong Kongaise.
Pour conclure, je voudrais vous faire part de plusieurs doutes concernant l’économie de Hong Kong. Celle-ci repose selon moi sur 3 secteurs :
- L’immobilier : la chute des prix a été dramatique après la crise asiatique. Dans l’immobiler de bureau par exemple, les prix se sont réduits de plus de 60% ! Depuis ils se sont cependant appréciés de nouveau sans atteindre cependant leur niveau de 97. Pour donner des chiffres précis, si on prend janvier 2001 comme l’indice de référence (soit 100), les prix au pic de 1997 étaient de 140 dans l’immobilier résidentiel et commercial et de 230 dans l’immobilier de bureau. Aujourd’hui, l’indice du résidentiel est de nouveau à 100, alors que les indices de l’immobilier commercial et de bureau sont respectivement à 150. Pourtant ces prix équivalent aux quartiers les plus chers de Paris pour un revenu par tête proche de celui de la France. Notons ensuite que les prix dans les territoires chinois limitrophes sont bien plus bas, que les taux d’intérêt remontent et que la construction de bâtiment qui a eu lieu actuellement aboutira à un stock de nouveaux bureaux de 10 million de pieds carré entre les années 2007 et 2009. Notons enfin que les loyers commerciaux sont au plus haut (tout le monde attendait un boom des ventes par un afflux de touristes lié à l’ouverture de Disneyland) : sur trois ans, les loyers ont doublé alors qu’on anticipe plutôt aujourd’hui une contraction ou au mieux une stagnation des ventes au détail. Et quand on sait que 1) le gouvernement retire une grande partie de ses recettes de concessions de terrain, 2) une majorité des entreprises de HK sont des promoteurs immobiliers, et que 3) les hypothèques des habitants (du type américain) vont s’alourdir avec la hausse des taux et limiter leur pouvoir d’achat, on sait alors qu’il faudra suivre les prix de l’immobilier dans la péninsule avec beaucoup d’intérêt.
- L’économie de Hong Kong est une économie de réexportation. Le commerce représente trois fois le PIB. Certes le pays bénéficie de la croissance des exportations chinoises mais le moindre ralentissement de celles-ci ou plus encore la perte de parts de marché dans la logistique chinoise a des conséquences néfastes sur l’économie de la péninsule. Notons alors que les grandes mégalopoles chinoises s’équippent en nouvelles infrastructures et surtout qu’un grand nombre de nouveaux quais est en train d’apparaître dans la rivière de perle (de Shenzhen à Canton) soit plus proche encore des lieux de production manufacturière que ne l’est elle-même la ville de Hong Kong.
- La péninsule est un grand centre financier. La hausse des taux d’intérêt aura d’autant de conséquences sur les résultats des grandes banques locales.
Tout ces éléments laissent à réfléchir. Non Hong Kong n’est pas condamné et possède des marges de manœuvre (sa réputation de transparence et une place financière reconnue, son excellence logistique, un Etat sans dette…). Mais la péninsule ne pourra structurellement pas suivre la croissance de son voisin chinois ; une déflation sévère pourrait apparaître si les prix de l’immobilier venait à retomber et le territoire pourrait perdre en part de marché face à des ports concurrents chinois. Quoiqu’il en soit, Hong Kong n’est peut être pas le meilleur investissement à qui veut profiter de la croissance chinoise.
Commentaires