Sous le régime colonial, le budget de l’Etat a été géré avec beaucoup de prudence. L’explosion des prix fonciers (la concession de terrains est une des principales ressources de l’Etat de Hong Kong) et la forte croissance économique se sont traduites par des excédents budgétaires importants épargnés dans un fond de réserves fiscales qui à son pic, en 1997, a atteint 35% du PIB !
La situation financière de l’Etat s’est cependant dégradée de 1997 à 2003 en raison d’un environnement déflationniste (les prix des actifs baissent) et d’une politique budgétaire contra-cyclique (l’Etat accroit ses dépenses pour relancer la machine économique). Sur les exercices 2001/02 et 2002/03, le déficit budgétaire a même atteint 5% du PIB.
A partir de 1997, en effet, le ralentissement de la croissance a pesé sur les recettes fiscales d’autant plus que la proportion des bénéfices dans l’assiette d’imposition était élevée. La baisse des prix a joué un rôle aussi important ; la baisse des prix des actifs immobilers a eu pour conséquence de réduire l’assiette fiscale des taxes foncières et de réduire simultanément le produit des concessions de terrains par l’Etat. Pour couronner le tout, la baisse des taux d’intérêt dans le monde n’a pas soulagé les finances publiques mais à l’inverse a pesé sur les recettes, car l’Etat de Hong Kong étant créditeur, c’est tout une manne financière qui disparaissait.
Enfin, pour faire face aux trois crises qui se sont succédées (la crise financière asiatique, les attentats du 11 sept 01 et le SARS), l’Etat a relancé les dépenses publiques en accélérant son programme d’investissement.
Depuis 2003 une politique d’austérité a été mise en place et le territoire bénéficie d’une reprise économique qui a permis de retour du déficit sous la barre des 1%. Malgré une base fiscale étroite, les autorités préfèrent résorber le déficit par la baisse des dépenses que par une hausse de la fiscalité.
Le problème majeur du territoire est que la décocalisation d’activité à faible valeur ajoutée vers la Chine voisine a entraîné un chomâge structurel. A cela s’ajoute une population qui vieillit rapidement et l’accroissement des inégalités sociales. L’Etat s’attend donc à accroître ses dépenses publiques à l’avenir et s’y prépare dès aujourd’hui.
A court terme, le gouvernement a décidé de rabaisser les dépenses publiques sous la barre des 20% du PIB. Comment ? De plusieurs façons. D’une part, en réduisant la masse salariale des fonctionnaires et des employés d’entreprises publiques dont le traitement représente 70% des dépenses courantes. Aussi l’Etat a gelé les embauches et s’attend à une réduction d’employés de 4% sur les deux prochaines années. De plus l’Etat a mis en place un plan de digitalisation des services publiques et de rationalisation de ses dépenses. Enfin, il en a profité pour rehausser légèrement le niveau des impôts, mais dans une mesure toute raisonnable : l’impôt sur les bénéfices passe de 16 à 17,5% et celui sur les salaires de 15 à 16% ! Rien donc de dramatique.
A long terme, pour faire face à l’augmentation de ses dépenses, l’Etat dispose de deux caisses : d’une part des actifs financiers qui représentent près de 20% du PIB et d'autre part d’autres actifs tels qu'infrastructure, entreprises publiques et logements sociaux, que l’Etat pourrait privatiser ou titriser. Ces derniers représentent une valeur de 130MM$.
Le gouvernement de Hong Kong nous offre ainsi une leçon de politique publique : en provisionnant longtemps à l’avance, il a eu les moyens de conjurer trois crises économiques d’affilée. Face à une augmentation inéluctable de ses dépenses publiques, il a décidé de les réduire aujourd’hui dans un contexte d’expansion économique et aura ultérieurement de quoi y faire face grâce à des réserves équivalente à son PIB national. Belle leçon de gestion!
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