L’empire du milieu : déjà le deuxième producteur d’électricité au monde !

Au début des années 2000, le gouvernement anticipait que la demande d’électricité croitrait de 6% par an. En réalité les années suivantes, la demande a cru de plus de 10% par an. Le pays qui jusque dans les années 1990, rajoutait 20 Gigawatt de capacité par an, a du recourir à des mesures d’urgence pour accroître le parc de génération.

Dès 2002, le pays a connu un boom d’investissement dans ce domaine et les capacités ont cru de plus de 50 GW par an. En somme, chaque année, l’équivalent de la capacité totale de l’Angleterre était rajoutée.

La Chine

avec 510 GW de capacité installée est dorénavant le deuxième producteur d’électricité après les Etats-Unis.

Dès la fin de l’année 2002, l’électricien national (State Power) qui contrôlait près de la moitié de la capacité du pays est démantelé pour permettre la création de 4 grands groupes (cf l’article sur China Huaneng Power) qui se qualifient de producteurs indépendants et ouvrent leur capital. Ceux-ci rachètent une grande partie des centrales existantes publiques qu’ils modernisent mais profitent surtout des taux d’intérêts avantageux offerts par les banques publiques pour investir rapidement dans de nouvelles usines de production d’électricité. Pour facilité cette hausse des capacités, le gouvernement a levé le moratoire sur la construction de nouvelles centrales. Le problème est que nombre de projets (notamment dans les provinces reculées ou auprès d’opérateurs locaux) ont débuté sans autorisation. Aussi, un excédent sérieux de capacité pourrait apparaître d’ici la fin 2007.

A reprendre le parc électrique tel qu’il était en 2003, 80% de l’électricité produite en Chine est d’origine thermique (au gaz mais très majoritairement au charbon). Le problème est que 40% de ces centrales thermiques sont de petites unités (inférieure à 200MW), vieillotes, peu performantes et surtout très polluantes.

16% de l’électricité produite est d’origine hydroélectrique (déjà près de 20 000 barrages).

La Chine

est dès à présent la première puissance hydroélectrique du monde devant les USA. Mais seules 20% des ressources potentielles du pays sont exploitées, ce qui laisse beaucoup de marge et oriente la politique énergétique du pays vers cette technologie peu coûteuse.

Reste le nucléaire (2% environ de l’électricité domestique), dont la part est aujourd’hui insignifiante mais où les ambitions du gouvernement chinois sont importantes. L’objectif est d’ici 2020 de faire passer le parc de 6GW à plus de 40, soit l’équivalent d’une quarantaine de tranches. (Pour donner aux nordistes une référence, cela ferait l’équivalent de 6-7 Gravelines).

Le pays connaît aujourd’hui encore une pénurie d’électricité. Dans le cantonais par exemple, certaines entreprises travaillent de nuit par manque de ressources dans la journée. Cette pénurie s’explique par le manque de capacité, le manque d’investissement dans le réseau (avec de nombreuses ruptures de charges et accidents) et le décalage entre les zones de production et les zones de consommation. Notons que les régions de Pékin, Shanghai et Canton seules représentent 40% de la demande d’électricité du pays.

Le gouvernement a donc lancé trois programmes pour améliorer les connexions entre provinces : dans le premier, il redirige l’électricité produite dans le Yunnan vers le cantonais. Dans le second, l’électricité des barrages des rivières de Yalong est dirigée vers l’Est du pays (Sichuan). Enfin dans le dernier l’électricité produite à partir du fleuve jaune et du Shanxi est redirigée vers Pékin.

En somme, le rééquilibrage du réseau et l’investissement dans de nouvelles capacités devrait permettre de régler le problème de pénurie électrique dès cette année ; dixit le gouvernement chinois. Une autre façon de régler cette pénurie est de réduire la consommation. Selon un centre de recherche japonais,

la Chine

présente un potentiel d’économie d’électricité de 20%.

Un autre problème qui se posera rapidement au gouvernement chinois est la pollution produite par un parc de production vieillot ou des centrales neuves sans équipement de retraitement.

La Chine

est aussi championne dans les prouesses négatives : elle est déjà le deuxième plus gros contributeur mondial de gaz carbonique et le numéro un sans équivalent en matière de dioxyde de souffre. Certes le pays se lance dans quelques investissements dans les énergies renouvelables (dans l’éolien, mais principalement dans les petits générateurs dont le pays est producteur, et dans le solaire dans la région la plus ensoleillée du monde, c’est à dire le Tibet) mais cela reste marginal, car le coût de production est jugé trop élevé par Pékin. Le gouvernement a longtemps fait comme si la pollution n’était pas problématique (seules 16 des villes chinoises figurent parmi les 20 les plus polluées au monde !). Il a ainsi ratifié le protocole de Kyoto qui est rentré en vigueur il y a un an, mais n’est pas liés par des engagements de réduction chiffrés.

Quelle conclusion j’en tire comme analyste financier ?

Premièrement, la demande mondiale en nouvelles capacités de production d’électricité a été tirée ces dernières années par

la Chine. Le

boom de la demande chinoise devrait s’affaisser dès cette année. Les grands acteurs mondiaux n’en ont bénéficié que modéremment.

Deuxièmement, les nouvelles capacités de production chinoises seront avant tout nucléaires et hydroélectriques. Le gaz coût trop cher et le pays est trop dépendant du charbon. Mais il y a aussi un marché de remplacement des vieilles technologies charbon et en équipement de retraitement pour les vieilles centrales thermiques.

Troisièmement, le marché de l’énergie renouvelable en Chine est exigü.