Le sujet est d’importance car les observateurs notent les difficultés logistiques en Chine qui pourraient expliquer un futur ralentissement du rythme de croissance de l’économie.
En préliminaire notons l’importance relative des différents moyens de transports. Au niveau du transport passager, la route domine avec 55% des flux mais le ferroviaire reste important (35%) alors que l’aérien (9%) et le fluvial (1%) sont plus marginaux. En terme de transport marchandise, à considérer les volumes et non la valeur, le fluvial et le maritime domine (55%), le fret international représentant cependant les quatre cinquième des volumes. La route ne représente que 15% des flux alors que le ferroviaire reste essentiel avec 31% des volumes.
Les routes en Chine :
Malgré un rythme de construction effréné, la longueur du réseau reste faible vue la taille du pays. En moyenne en 2000, le pays comptait 940 km 4600 km
Dès le début des années 90, le gouvernement décide la construction de 5 grands couloirs nord sud et de 7 Est Ouest, soit quelques 36000 km 5000 km
La construction d’autoroute est décentralisée au niveau des provinces, le ministère du transport n’ayant en charge que la création du schéma directeur et l’instauration de normes. Ces nouvelles autoroutes sont majoritairement des concessions à péage dont la province est l’actionnaire majoritaire. Ce sont par exemple Jiangsu Expressway ou encore Zhegang expressway. De même, les travaux sont réalisés par des filiales régionales de grandes entreprises publiques. La construction de ce réseau est financé soit par subvention du gouvernement, soit plus régulièrement par des prêts auprès de la banque mondiale ou de la banque asiatique du développement. Rarement, la province fait appel à des financements privés (moins de 10% des investissements en nouvelles autoroutes). Quoiqu’il en soit, la faible proportion de projets au flux important et l’environnement réglementaire particulièrement fluctuant ne rendent pas cet investissement attractif.
En conclusion notons que 1) les chinois savent construire des autoroutes de qualité sans le recours aux technologies occidentales,et 2) les concessions autoroutières même cotée ont un flottant relativement fermé et une réglementation qui manque encore de clarté. En somme, le secteur autoroutier n’est intéressant ni pour l’entreprise de BTP occidentale ni pour l’investisseur avisé.
Le ferroviaire en Chine :
Là encore le réseau est sous-dimensionné par rapport aux besoins du pays et ce malgré la construction accélérée de 1200 km 17000 km
Pour y rémedier, le gouvernment a décidé en 2004 un nouveau plan. D’ici 2020, le réseau ferroviaire pourrait atteindre 100 000km et les voies doubles électrifiées représenter plus de 30% de cet objectif ! Sur les lignes principales saturées, il compte améliorer l’exploitation en différenciant trafic passager et trafic marchandise. Plus encore, il compte spécialiser certaines lignes avec des trains géants de près de 20 000 tonnes (notamment pour l’approvisionnement essentiel en charbon). Parallèlement, il a décidé la construction d’un réseau de lignes rapides de 12000km sur lequel circuleront des trains à plus de 200 km/h
En terme chiffré cela devrait correspondre à un investissement annuel de 5 à 6 milliards d’Euro par an sur les prochaines années dont le quart pour du matériel roulant neuf. Le chiffre est alléchant mais ne nous faisons pas de mauvais espoirs ; si les 3 grands constructeurs mondiaux (Bombardier, Alstom et Siemens) espèrent une part du gâteau, il est plus vraisemblable que le gouvernement tente de développer une technologie propre à l’instar du Shinkansen au Japon dans les années 60, qui marqua alors le redressement national du pays.
Le marché sera peut être plus ouvert dans le secteur du métro. La trop forte croissance du secteur automobile et la pollution que cela génère pousse le gouvernement à investir fortement dans les transports publics. Aujourd’hui le réseau de métro en Chine est petit, avec 380 km
Dans l’aérien, je vous conseille de vous reporter à mon article sur China Eastern Airlines. En résumé, la croissance du trafic aérien (soit de l’offre des compagnies aériennes) est élevée car dictée par le gouvernement. Cela met en péril les compagnies aériennes locales qui réalisent des pertes compensées par les subventions diverses gracieusement concédées par les autorités centrales.
Le transport fluvial en Chine :
Dans l’empire du milieu, il existe 5800 rivières navigables soit près de 110 000 km 5000 km
Quelle conclusion en tirer ? Elle est double. D’une part, les congestions du réseau devrait se maintenir malgré des investissements importants. Mais cela ne me semble pas pouvoir empêcher le pays de maintenir son rythme de croissance actuel. Car l’Etat favorise les secteurs essentiels (cf l’approvisionnement en charbon ou les infrastructures portuaires) à l’économie. L’offre ne rejoindra pas la demande à court terme mais les goulots d’étranglements ne sont pas si importants pour limiter une croissance qui s’est élevée ces dernières années à 10%/an.
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