Le secteur des télécommunications en Chine va t’il connaître une nouvelle phase de fort investissement ? C’est une des questions d’actualité dans l’empire du Milieu. Suite aux engagements pris face à l’OMC, le pays a commencé à ouvrir ce secteur protégé dès 2004 : la participation d’étrangers dans les groupes chinois prestataires de service de base est autorisée jusqu’à hauteur de 25% et limité à certaine région (Canton, Shanghai, Pékin). Le seuil devrait être relevé l’année prochaine à 49% ainsi que les restrictions géographiques. De plus le pays est à l’aune du passage à la 3G, dont la norme définitive semblerait ne pas avoir été encore choisie.
Jusqu’ici les opérateurs chinois ont profité d’une demande en plein boom et d’une concurrence réelle mais limitée. Reste que le rythme de croissance commence à stagner : le nombre de nouveaux utilisateurs de lignes fixes est passé de 4,1 millions par mois en 2004 à 3,2 millions en 2005. Dans la téléphonie, il reste encore élevé puisqu’il était de 5,5 millions en 2004 et autant en 2005. On note surtout la substitution du téléphone fixe par la téléphonie portable. La croissance de la téléphonie fixe dépendra de l’instauration de la 3G- dont la fin des tests est prévu pour mi-2006- alors que celle de la téléphonie fixe subit le moindre développement de la technologie PHS, un réseau portable de faible rayon assimilé à une ligne fixe. Le principale moteur de la croissance de la téléphonie mobile est la forte déflation des services proposés : la minute perd environ 10% à 15%/an.
A fin 2005, il y avait dans tout le pays quelques 350 millions de lignes fixes activées et 393 millions de lignes mobiles. Reste que le taux de pénétration n’est que de 30% de la population, ce qui laisse encore du potentiel de développement- surtout quand on sait que ce taux est déjà de 98% sur une ville comme Pékin. L’année dernière, il y avait 111 millions d’internautes en Chine (+17 millions face à 2004) dont 26 millions abonnées à l’ADSL.
Pour donner une idée des prix des services, un abonnement ADSL illimité coûtait 100 RMB/ mois, un abonnement à une ligne fixe seulement 10 RMB. Un appel local était facturé 20 centimes la minute, un appel national 70 centimes et un appel vers les USA revenait à 2,4RMB/min.
Il y a 4 opérateurs principaux en Chine. D’un opérateur unique en 1994, le gouvernement en a créé 7 cette année-là.
China Mobile est le plus grand opérateur dans la téléphonie mobile au monde, avec 62% de parts de marché en Chine et 246 millions d’abonnés GSM à fin 2005 (majoritairement en prépayés). Le groupe tente un développement international, ayant racheté notamment un petit opérateur de Hong Kong. Vodafone détient 4% de son capital.
China Unicom est le deuxième opérateur du pays (33% de parts de marché dans la téléphonie mobile et 95 millions d’abonnés GSM et 33 CDMA). C’est le seul opérateur à posséder toutes les licences (mobile, fixe et internet). L’entreprise s’est introduite en bourse en 2000.
Reste China Netcom et China Telecom, deux opérateurs fixes qui se sont développés dans une forme de technologie mobile de réseau local (le PHS, proche de notre défunt Be-Bop) et qui ambitionnent d’acquérir des licences 3G. Ces deux groupes limitent l’érosion de la téléphonie fixe en développant l’internet. Disons que Netcom domine les provinces du sud (85 millions d’abonnés) alors que le Nord est le pré-carré de Telecom avec 206 millions d’abonnés. Ces deux entreprises ont été respectivement introduites en bourse en 2002 et 2004.
Reste enfin un cinquième acteur d’importance en grande difficulté, China Tietong, une ex-filiale des chemins de fer chinois qui en-dehors d’un personnel pléthorique a la particularité de posséder le deuxième réseau fixe du pays ( 120 000 km
L’industrie des télécoms chinoise vit dans l’attente d’une vraie autorité de régulation qui clarifie l’attribution des licences ainsi que du choix définitif de la future norme de télécommunication 3G : W-CDMA européen, CDMA 2000 américain ou vraisemblablement TD-SCDMA chinois. C’est un secteur protégé où les régles de concurrence restent obscures, les marges ont tendance à baisser et les investissements seraient sur le point de repartir.
NB : Pour plus d’informations, vous pouvez vous reporter à mon article précédent sur China Telecom, entreprise que j’ai rencontré à Hong Kong.
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