L'été a été l'occasion de faire travailler notre stagiaire, Aurélien Podvin sur l'économie mexicaine afin de profiter de l'expérience acquise durant ses études dans ce pays. Vous trouverez l'étude complète sur notre site internet et un bref résumé suit:
"Le pays est peuplé par 3 groupes principaux : 15% de Mexicains d’origine espagnole, 30% d’indigènes et 55% de métis. La population est jeune, l’âge moyen est de 25 ans ; le Mexique constitue la 11e population mondiale avec 108 millions d’habitants. Le taux de fécondité est de 2,1 enfants par femme mais le taux d’accroissement naturel n’est que de 1,25% à cause de l’émigration de 450000 Mexicains aux USA chaque année.
Le pays a résolu le problème de l’alphabétisation de sa population mais le système éducatif a encore des lacunes en terme de formation : seulement 13,5% de la population accède aux études supérieures. Les études coûtent chères… 89% de la population est catholique et on note des zones très conservatrices à Guadalajara et à Puebla.
La maïs est la base de l’alimentation des classes populaires, la consommation est de plus de 100 kilos par an et par habitant. Le niveau de prix du maïs est donc très important pour eux et constitue le référentiel de tout prix.
On estime qu’un tiers des Californiens et des Texans sont d’origines mexicaine, et de manière plus générale, les hispaniques sont en train de devenir la première minorité aux USA.
Le pays a des carences en infrastructures et doit se moderniser. Les grands projets portent sur l’énergie (centrales électriques, raffineries), les transports (autoroutes, aéroports) ou les logements sociaux. 67% des centrales tournent au gaz et cela pose le problème de la dépendance vis à vis du gaz texan.
48% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté et 18% au-dessous du seuil d’extrême pauvreté. Il y a des disparités Nord/Sud. L’indice de GINI nous montre un pays très inégalitaire, où 20% des plus riches concentrent 58% du revenu national. Il n’y a pas vraiment de classe moyenne.
Un parti de centre-droite est au pouvoir depuis 2000, le nouveau président Felipe Calderon veut faire bouger le pays, et commence à mettre en place pas mal de réformes.
La narcoviolence est un des thèmes qui revient souvent au quotidien. On fait désormais appel à l’armée pour les interventions, car la police locale est corrompu.
Le PIB du Mexique a été de $1119 milliards courants en 2005, soit la 9e économie mondiale. Le PIB par habitant se situe autour de $10000, un des plus faibles de l’OCDE. L’économie est tirée par la consommation (68%), l’investissement ayant un rôle minoritaire (19%) avec les dépenses publiques (12%). L’investissement est le plus dynamique ces dernières années malgré des freins : monopoles publics et privés, manque de crédit et de main d’œuvre qualifiée…
Le chiffre d’affaires des maquiladoras a fortement augmenté depuis l’entrée dans l’ALENA même si la concurrence asiatique et la crise américaine post 11 Septembre ont fragilisé l’industrie dans le textile et les meubles. 60% des IDE viennent des USA.
Les remesas, ces transferts d’argent des Mexicains émigrés aux USA vers le Mexique, constitue la 2e ressource du pays après le pétrole avec $24 milliards en 2006 (n°1 mondial).
En 2006, la balance commerciale a été déficitaire, même si l’excédent pétrolier a réduit la dette à cause de la hausse du brut. Les exportations sont constituées à 81% de produits manufacturés (autos, électroménager) et 16% sont des produits pétroliers. Au niveau des importations, 74% sont des biens intermédiaires utilisés pour la fabrication de biens de consommation (pièces autos et avions, acier..), 12% sont des biens d’équipement et 14% des biens de consommation. Les USA reste le partenaire privilégié du Mexique, tant pour les exportations (86%) que pour les importations (54%). Le pays a cherché a diversifié ses pays d’exportation (traité avec l’UE en 2000), et l’Asie devient un de ses fournisseurs importants.
L’agriculture mexicaine a besoin d’investissements pour faire face à l’agriculture subventionnée américaine, et l’effet escompté de cette ouverture n’est pas tellement visible sur le niveau de vie des Mexicains.
L’Etat est endetté à hauteur de 21% du PIB en 2006, ce qui est relativement faible par rapport aux pays émergents. La dette externe a été limitée car l’Etat a peur d’être dépendant des USA, et du FMI depuis la crise économique et financière de 1995.
L’analyse sectorielle montre que 70% du PIB est réalisé par les services et 26% par l’industrie. Le secteur des services emploie 55% de la population active.
Le Mexique est le 5e producteur mondial de pétrole avec 3,3 millions de barils de pétrole produits quotidiennement. La PEMEX, entreprise nationalisée, assure 1/3 des recettes de l’Etat et est la première entreprise du pays. Face à l’épuisement de ses réserves, l’Etat doit investir lourdement ($19 milliards/an) pour maintenir la production. Une alliance avec Petrobras est envisagée pour réaliser des explorations en off-shore profond et l’Etat va petit à petit laisser la firme plus autonome dans sa gestion et alléger sa fiscalité.
Le fait d’avoir 30% d’économie informelle et les lourdeurs administratives handicapent le pays. Le tourisme constitue 8% du PIB et le pays accueille chaque année 22 millions de personnes (20% de touristes internationaux notamment américains et 80% Mexicains).
Le taux de chômage est faible (3,5%), et masque les réalités d’un système fragile : 30% de l’économie est informelle et le salaire minimum est d’environ 3,5 euros par jour. On considère que le coût de la main d’œuvre est situé à mi chemin entre la Chine et l’Inde d’une part, et les grands pays développés d’autre part. Une politique rigoureuse de taux de change a été mise en place par rapport au dollar (stable à environ 11 pesos pour 1 dollar).
L’inflation est quant à elle maîtrisée et reste de 3,5% par an même s’il reste des tensions (prix du maïs)."
Nous ne croyons pas à une accélération de la croissance mexicaine qui tourne autour de 3-4% pour plusieurs raisons :
- la consommation des ménages est déjà élevée et devrait subir la hausse des dépenses courantes (essence, alimentaire…) alors que le taux d’épargne est relativement bas.
- l’investissement est faible malgré une forte croissance; les réformes structurelles nécessaires prendront du temps.
- la balance commerciale profite actuellement des prix élevés du pétrole mais comporte deux risques : une appréciation du peso et une baisse à terme de la production d’hydrocarbure.
Tout pourrait se jouer dans la relance de la dépense publique que ne semble pas initier le gouvernement conservateur malgré la faiblesse de l’endettement public (21% du PIB). Finalement, les avantages comparatifs du Mexique sont minces ( peu de ressources naturelles, de spécialisation sectorielle, de main d’œuvre qualifiée…) Dans les grands pays émergents, c’est l’économie qui nous semble la plus fragile.
Si nous devions jouer le Mexique, nous nous concentrerions en premier lieu sur : a)Le renouvellement des infrastructures (BTP, transport aérien…) b)Le secteur de la construction qui devrait bénéficier du développement du crédit immobilier c)Le secteur financier
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